André Thevet, en comparant les Indiens aux hommes blancs, a critiqué ces derniers, qui mangeaient trop vite en faisant du bruit.
Jean de Lery : «Les sauvages d’Amérique, habitant la terre du Brésil ne sont pas plus grands, pas plus gros ou plus petits de stature que nous sommes en Europe ; ils n’ont donc le corps ni monstrueux, ni prodigieux par rapport à nous. Ils sont même plus forts, plus robustes et replets, plus dispos, moins sujets à la maladie : et même il n’y a presque point de boiteux, borgnes, contrefaits ni mal faits chez eux»,
Un autre aspect très intéressant, et qui révèle l’harmonie des Indiens avec la nature, est le fait qu’ils mangeaient seulement quand ils avaient faim. Ils étaient très sobres dans leur alimentation et ils ne faisaient pas d’excès, contrairement aux hommes blancs.
La fabrication très simple des plats était une caractéristique de ces sociétés. Camara Cascudo signale que les aliments étaient généralement rôtis. Les Indiens faisaient rarement bouillir les aliments et le processus de faire frire leur était inconnu.
Darcy Ribeiro, qui a vécu dix ans chez les Indiens, précise que c'est la première caractéristique qui l’a enchanté : «Il n’est pas imaginable que quelqu’un qui a chassé quelque chose ne partage pas la nourriture avec tout le monde. » On peut comprendre que cette qualité fait partie d'un contexte qui exprime un état d’harmonie avec l’environnement : «le but premier de l’Indien n’est pas d’arriver à l’utilité mais à la beauté.
Un Indien qui fait un tamis fournit beaucoup plus de travail qu’il n’est nécessaire pour que l’objet puisse tamiser. Tout ce que fait l’Indien, il le fait à la perfection ».
A propos de leur sagesse, il dit : «pour les Indiens, aucun arbre n’est seulement un bois, aucun animal n’est seulement une bête». Les Indiens considèrent tous les êtres vivants comme leurs égaux.
Les techniques de conservation
Ils connaissaient des techniques de conservation pour les aliments de longue durée. Le sel était inconnu de la majorité des groupes. Pour retirer l’humidité du poisson et du gibier, ils utilisaient une sorte de gril, le moquém.
Hans Staden décrit ainsi ce processus : «ils laissent le poisson ou la viande sur de petits bâtons à cinquante centimètres du feu. L’aliment reste là jusqu’à ce qu’il soit entièrement sec».
La farine
Ils avait l’habitude de fabriquer une farine en utilisant des poissons bien grillés et ils la mangeaient avec le manioc. Dans la région Nord, c’est encore une habitude aujourd’hui de consommer du piracuí (farine à base de poisson acarí) pendant la période où la pêche n’est pas favorable.
Les rôles des femmes
Les auteurs montrent que les femmes ont un rôle très important en ce qui concerne la nourriture. Ce sont elles qui s’occupent de cultiver la terre et qui effectuent les tâches liées à la fabrication de différents types de farine. Elles assurent aussi la fabrication de plusieurs boissons alcoolisées, comme le cauim. Les ouvrages indiquent que les femmes s'occupent des enfants. Elles doivent aussi fabriquer tous les ustensiles de cuisine, les tissus, les hamacs et les sacs.
Le partage
En ce qui concerne la nourriture, la contribution la plus importante apportée par les Indiens concerne la façon de manger, c’est-à-dire la socialisation et l’harmonie du groupe à travers le partage des aliments. Il faut souligner que chez les Indiens, le sentiment communautaire est la base de la structure sociale.
Joaquim Ribeiro suggère que les Tupis «avaient la conscience sociale des tâches. Toutes les personnes travaillaient pour la tribu». Ainsi, dans l'acte de se nourrir, la solidarité est une règle.
Hans Staden présente la description suivante : «Ils sont très bons entre eux, et par exemple celui qui a de la nourriture va la partager». Dans le même sens, le prêtre João Daniel écrit : «Il y a une louable habitude chez les Indiens, c’est la grande charité qu’ils ont les uns envers les autres à table pour que tous puissent manger également, que ce soit peu ou beaucoup. Ainsi, il semble qu’il n’y ait pas la notion de propriété mais, au contraire, le sentiment que toutes les choses sont communes».
Berta Ribeiro, dans un entretien avec Claude Lévi-Strauss, affirme que : «dans nos sociétés (occidentales) tout est divisé». Notre culture est fondée sur la fragmentation alors que, dans les sociétés indiennes, "tout est mélangé". « chaque acte, chaque objet, chaque institution de la société est toujours une unité». La vision du monde des Indiens était fondée sur la division égalitaire des richesses naturelles et non sur l’accumulation .
La faim
Ainsi, on peut en conclure que la faim n’a pas existé dans ces sociétés. Au contraire, ces peuples sont présentés dans les descriptions comme sains et robustes. Faisant intimement partie de la nature, les Indiens reflétaient dans leurs corps l’exubérance du milieu.
La faim est apparue plus tard, quand les Portugais ont commencé à intensifier la culture de la canne à sucre.
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