Le processus d'intégration raciale, qui s'était développé entre les Européens et les Amérindiens en l'absence de tout contrôle gouvernemental au sein de communautés isolées sur de vastes territoire, s'est étendu rapidement aux esclaves noirs et aux Amérindiens.
En 1757, l'utilisation de la langue nhengatu comme comme língua geral fut interdite par une Provisão Real (la «vraie disposition») du gouvernement portugais. Il faut dire que le tupi était déjà supplanté par le portugais en raison de l’arrivée massive des immigrants de la Métropole.
Avec l'expulsion des jésuites en 1759, le portugais s'est définitivement fixé comme la língua geral du Brésil. Dès cette époque, le portugais brésilien s’est enrichi de mots relatifs à la faune et la flore (ananas, manioc, acajou, tatou, piranha), ainsi que des noms géographiques. Étant donné que le Portugal possédait un régime colonial particulièrement étendu, le métissage de la population est apparu comme une bonne solution pour assurer le contrôle du territoire. Les Portugais se sont volontairement orientés vers cette solution par des mariages entre Blancs et «femmes de couleur». Cette situation a toujours permis à Lisbonne de disposer d’une population qui lui fut fidèle.
L’Église catholique elle-même ne s'est pas engagée à décourager les actes inhumains qu'impliquait l'esclavage des Noirs. Pour le père Manuel da Nóbrega, l'un des jésuites les plus illustres du Brésil, l'esclavage se justifiait dans la mesure où il y avait des hommes dans le monde dont le destin était d'être esclaves.
C’est durant cette période, en 1554 exactement, que fut fondée, au sud du pays, la ville de São Paulo, et en 1567, la ville de Rio de Janeiro.
Le pouvoir espagnol et les incursions hollandaises.
En 1580, Philippe II, roi d’Espagne, hérita de la couronne du Portugal. Cette période d’union des royaumes d’Espagne et du Portugal dura jusqu’en 1640. Durant ce temps, les Britanniques et les Hollandais tentèrent de prendre possession du Brésil. En 1624, une flotte hollandaise s’empara de Bahia, mais ne put conserver la ville plus d’un an. Les Hollandais reprirent leurs attaques en 1630 et occupèrent Pernambuco (aujourd’hui Recife), et Olinda, puis d’autres territoires côtiers.
La partie du Brésil occupée par les Hollandais prospéra durant plusieurs années. En 1640, le Portugal redevint indépendant de l’Espagne. Les colons portugais du Brésil se rebellèrent contre le pouvoir hollandais et, après une dizaine d’années de luttes, les Pays-Bas capitulèrent et renoncèrent en 1661 à toute revendication territoriale sur le Brésil.
La langue parlée par les Hollandais, le néerlandais, n’eut aucune influence sur les colons portugais.
Le rétablissement de la colonie portugaise
Une fois revenu sous la souveraineté portugaise, le Brésil devint une vice-royauté. Espagnols et Portugais vécurent alors pacifiquement en Amérique du Sud, chacun sur leurs territoires.
L’expansion portugaise se propagea vers l’intérieur des terres, ce qui provoqua des frictions avec les populations indigènes parce que les Portugais voulurent asservir ces populations. La ruée vers l’or qui s’ensuivit fit venir des dizaines de milliers de colons portugais au Brésil; la croissance économique fut accélérée par la découverte de diamants en 1721 puis, peu après, par l’essor grandissant des cultures de canne à sucre et de café. Le pays avait besoin de milliers d’esclaves pour assurer la prospérité de la colonie, les indigènes s’étant révélés incapables de travailler comme esclaves.
Avec le courant d'esclaves apportés de la Afrique, la langue parlée dans la colonie du Brésil reçut de nouvelles «contributions» linguistiques, notamment des peuples originaires de l’Angola, une autre possession portugaise d’Afrique.
En 1750, le traité de Madrid entre l’Espagne et le Portugal entérina les revendications brésiliennes sur un vaste territoire à l’ouest des limites définies autrefois par le traité de Tordesillas. Le traité de Madrid fut annulé par la suite, mais ses principes furent repris et appliqués dans le cadre du traité d’Ildefonso signé en 1777.
Sous le règne du roi Joseph Ier du Portugal, le Brésil connut de nombreuses réformes à l’instigation du secrétaire aux Affaires étrangères, le marquis de Pombal. Celui-ci centralisa l’appareil gouvernemental brésilien dont le siège fut transféré de Bahia à Rio de Janeiro en 1763.
Trois ans auparavant, en 1760, Pombal avait expulsé les jésuites du Brésil. Officiellement, les populations locales auraient demandé de renvoyer les jésuites, mais en réalité ces derniers étaient devenus avec leurs missions indiennes de gros concurrents économiques pour les colons portugais. Il devenait nécessaire de se débarrasser d’eux. En 1798, le Brésil avait 3,2 millions d'habitants dont 1,6 million d'esclaves, soit la moitié de la population.
En matière de politique linguistique, le Brésil peut témoigner d'une longue tradition d'interdiction linguistique. Dès 1727, une loi portugaise — la Provisão Real (la «vraie disposition») — interdit l'emploi du tupi-guarani, la «langue générale» qui servait de langue véhiculaire entre Blancs et «Indiens». L'État d'Espérito Santo imposa même des peines de prison à ceux qui employaient une autre langue que le portugais. Une loi de l'État de Sao Paulo (1850) alla jusqu'à interdire les «langues indiennes» à la campagne.
Ces faits illustrent simplement que le Brésil a pratiqué pendant la période coloniale une politique de destruction systématique des langues amérindiennes, dont les effets se constatent aujourd'hui.
En 1757, l'utilisation de la langue nhengatu comme comme língua geral fut interdite par une Provisão Real (la «vraie disposition») du gouvernement portugais. Il faut dire que le tupi était déjà supplanté par le portugais en raison de l’arrivée massive des immigrants de la Métropole.
Avec l'expulsion des jésuites en 1759, le portugais s'est définitivement fixé comme la língua geral du Brésil. Dès cette époque, le portugais brésilien s’est enrichi de mots relatifs à la faune et la flore (ananas, manioc, acajou, tatou, piranha), ainsi que des noms géographiques. Étant donné que le Portugal possédait un régime colonial particulièrement étendu, le métissage de la population est apparu comme une bonne solution pour assurer le contrôle du territoire. Les Portugais se sont volontairement orientés vers cette solution par des mariages entre Blancs et «femmes de couleur». Cette situation a toujours permis à Lisbonne de disposer d’une population qui lui fut fidèle.
L’Église catholique elle-même ne s'est pas engagée à décourager les actes inhumains qu'impliquait l'esclavage des Noirs. Pour le père Manuel da Nóbrega, l'un des jésuites les plus illustres du Brésil, l'esclavage se justifiait dans la mesure où il y avait des hommes dans le monde dont le destin était d'être esclaves.
C’est durant cette période, en 1554 exactement, que fut fondée, au sud du pays, la ville de São Paulo, et en 1567, la ville de Rio de Janeiro.
Le pouvoir espagnol et les incursions hollandaises.
En 1580, Philippe II, roi d’Espagne, hérita de la couronne du Portugal. Cette période d’union des royaumes d’Espagne et du Portugal dura jusqu’en 1640. Durant ce temps, les Britanniques et les Hollandais tentèrent de prendre possession du Brésil. En 1624, une flotte hollandaise s’empara de Bahia, mais ne put conserver la ville plus d’un an. Les Hollandais reprirent leurs attaques en 1630 et occupèrent Pernambuco (aujourd’hui Recife), et Olinda, puis d’autres territoires côtiers.
La partie du Brésil occupée par les Hollandais prospéra durant plusieurs années. En 1640, le Portugal redevint indépendant de l’Espagne. Les colons portugais du Brésil se rebellèrent contre le pouvoir hollandais et, après une dizaine d’années de luttes, les Pays-Bas capitulèrent et renoncèrent en 1661 à toute revendication territoriale sur le Brésil.
La langue parlée par les Hollandais, le néerlandais, n’eut aucune influence sur les colons portugais.
Le rétablissement de la colonie portugaise
Une fois revenu sous la souveraineté portugaise, le Brésil devint une vice-royauté. Espagnols et Portugais vécurent alors pacifiquement en Amérique du Sud, chacun sur leurs territoires.
L’expansion portugaise se propagea vers l’intérieur des terres, ce qui provoqua des frictions avec les populations indigènes parce que les Portugais voulurent asservir ces populations. La ruée vers l’or qui s’ensuivit fit venir des dizaines de milliers de colons portugais au Brésil; la croissance économique fut accélérée par la découverte de diamants en 1721 puis, peu après, par l’essor grandissant des cultures de canne à sucre et de café. Le pays avait besoin de milliers d’esclaves pour assurer la prospérité de la colonie, les indigènes s’étant révélés incapables de travailler comme esclaves.
Avec le courant d'esclaves apportés de la Afrique, la langue parlée dans la colonie du Brésil reçut de nouvelles «contributions» linguistiques, notamment des peuples originaires de l’Angola, une autre possession portugaise d’Afrique.
En 1750, le traité de Madrid entre l’Espagne et le Portugal entérina les revendications brésiliennes sur un vaste territoire à l’ouest des limites définies autrefois par le traité de Tordesillas. Le traité de Madrid fut annulé par la suite, mais ses principes furent repris et appliqués dans le cadre du traité d’Ildefonso signé en 1777.
Sous le règne du roi Joseph Ier du Portugal, le Brésil connut de nombreuses réformes à l’instigation du secrétaire aux Affaires étrangères, le marquis de Pombal. Celui-ci centralisa l’appareil gouvernemental brésilien dont le siège fut transféré de Bahia à Rio de Janeiro en 1763.
Trois ans auparavant, en 1760, Pombal avait expulsé les jésuites du Brésil. Officiellement, les populations locales auraient demandé de renvoyer les jésuites, mais en réalité ces derniers étaient devenus avec leurs missions indiennes de gros concurrents économiques pour les colons portugais. Il devenait nécessaire de se débarrasser d’eux. En 1798, le Brésil avait 3,2 millions d'habitants dont 1,6 million d'esclaves, soit la moitié de la population.
En matière de politique linguistique, le Brésil peut témoigner d'une longue tradition d'interdiction linguistique. Dès 1727, une loi portugaise — la Provisão Real (la «vraie disposition») — interdit l'emploi du tupi-guarani, la «langue générale» qui servait de langue véhiculaire entre Blancs et «Indiens». L'État d'Espérito Santo imposa même des peines de prison à ceux qui employaient une autre langue que le portugais. Une loi de l'État de Sao Paulo (1850) alla jusqu'à interdire les «langues indiennes» à la campagne.
Ces faits illustrent simplement que le Brésil a pratiqué pendant la période coloniale une politique de destruction systématique des langues amérindiennes, dont les effets se constatent aujourd'hui.
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