Mystification de la modernité

Portrait et tic de Polycarpe,
gravure sur bois débout signée par Riou et Biard, 127 mm x 77 mm,
dans François-Auguste Biard, Deux Années au Brésil, Paris, Hachette, 1862, p. 358.

François-Auguste Biard (1799-1882) voyage au Brésil en 1858 par ses propres moyens. Il demeure quelques mois à Rio de Janeiro et réalise une longue excursion dans la province d’Espírito Santo et en Amazonie, où il vit chez des tribus amérindiennes.

Les représentations de l’Amérindien dans les différentes gravures sur bois debout illustrant son livre Deux Années au Brésil sont très variées: des portraits ethnographiques, des scènes où les Amérindiens sont représentés à l’intérieur de la forêt tropicale, presque confondus avec la nature, et encore des scènes représentant des actions où ces derniers interagissent avec le personnage de Biard.

Il a vécu pendant plusieurs mois avec de différentes tribus des provinces d’Espírito Santo et d’Amazonas.

Dès son arrivée à Rio, Biard manifeste clairement son désir de rencontrer des Amérindiens à l’état «sauvage». Cependant, selon Biard, il était nécessaire d’aller dans des régions éloignées pour pouvoir en trouver.

"Bien des fois j’avais demandé aux Français résidant depuis longtemps au Brésil où il faudrait aller pour trouver des Indiens, et je n’avais reçu aucune réponse satisfaisante. D’après la plupart de ces messieurs, les Indiens n’existaient presque pas, c’était une race perdue ; cependant il me semblait qu’il devait en rester un peu quelque part."

L’intérêt de Biard pour peindre et dessiner les tribus amérindiennes peut être associé à son esprit de collectionneur et à un genre de tourisme ethnique.

À la moitié du XIXesiècle, époque où les villes se développent rapidement, la volonté de représenter l’Amérindien «civilisé» ou «sauvage» peut être associée à ce que Sylvia Rodriguez appelle «mystification de la modernité», lorsqu’elle analyse le phénomène de la colonie artistique établie à Taos, au Nouveau Mexique, au début du XXe siècle.

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