L'œuvre de Debret entre Néoclassicisme et Romantisme
Malgré sa formation néoclassique – il avait étudié auprès de Jacques-Louis David, maître du néoclassicisme, - Debret (au moins quand on analyse sa production dans Voyage Pittoresque et Historique au Brésil), peut être considéré sous quelques aspects comme un artiste de transition entre néoclassicisme et romantisme.
Les représentations des Indiens - complètement idéalisés ; forts, avec des traits bien définis et dans des scènes héroïques - sont des manifestations très nettes de néoclassicisme.
Néanmoins, si l'on analyse les textes qui accompagnent les images, on remarque des aspects qui relèvent cette fois du romantisme.
Il s'oppose essentiellement au rationalisme et à la sévérité néoclassiques. Il défend la liberté de création et privilégie l'émotion. Les œuvres romantiques privilégient l'individualisme, les souffrances de l'amour, la religiosité chrétienne, la nature, les thèmes nationaux et le passé.
En outre, une caractéristique essentielle du romantisme, qui le sépare du néoclassicisme et qui se remarque dans les textes de Debret, est la relation que l'artiste établit avec les scènes qu'il représente : le néoclassique n'est qu'un miroir, il essaie de faire une représentation exacte de la réalité qu'il observe.
Le romantique, au contraire, tente « de projeter sa lumière à lui » sur ce qu'il il observe : il interprète, et c'est exactement ce que fait Debret dans les textes qui accompagnent les aquarelles : ce sont des interprétations. Dans les aquarelles, Debret pouvait être un « miroir » de ce qu'il observait : et c'était alors le Debret des principes néoclassiques. Dans les textes, il projetait sa lumière et interprétait ce qu'il voyait : et c'était là le Debret obéissant aux principes romantiques.
Ses aquarelles pittoresques possèdent le caractère typique des représentations faites par des voyageurs en quête de paysages et d'exotisme, mais son art officiel conserve le caractère solennel du néoclassicisme propre au groupe d'artistes de la France napoléonienne.
Un critique d'art français a écrit : « L'importance majeure de l'oeuvre de Debret, outre la valeur d'un enseignement qui allait bientôt porter ses fruits, résida paradoxalement dans sa capacité d'enregistrer cela même qui était sur le point de disparaître. Ce qui n'a pas empêché le peintre d'histoire de mettre en scène deux couronnements et de représenter dans ses aquarelles la première cour d'une dynastie américaine. »
Debret, Diderot et les Lumières
Dans le Voyage Pittoresque et Historique au Brésil on peut observer une forte influence des Lumières, principalement de l'Encyclopédie de Diderot, ce qui empêche Debret de ne s'arrêter qu'à des représentations de batailles, de scènes importantes et d'épisodes grandioses dans le pays.
Comme il a été dit plus haut, Debret représente des scènes et des caractères du quotidien et de la société brésilienne, comme des maisons, des huttes d'Indiens, des visages (pour essayer de montrer les caractères du peuple brésilien).
Il cherche à représenter l'âme du peuple avec ses habitudes, ses fêtes populaires (et celles de la cour), ses relations de travail ainsi que ses ustensiles et ses outils.
C'était un des buts des encyclopédies que de réussir à réunir dans des livres le maximum d'informations et de connaissances concernant tel ou tel sujet, cela faisait partie des idéaux de certains philosophes en France à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe – parmi eux l'exemple le plus célèbre peut-être est celui de Diderot et de son Encyclopédie, œuvre dont on est sûr qu'elle a inspiré Debret pour ses représentations du Brésil dans son Voyage Pittoresque et Historique au Brésil.
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