1966-1995

Les régimes militaires.

Les militaires prirent le pouvoir en 1966 et prirent soin de rédiger une nouvelle Loi institutionnelle. Cette loi donnait d’immenses pouvoirs au nouveau régime et supprimait l’opposition, en particulier des partis de gauche.

Le nouveau pouvoir adopta des versions modérées des réformes économiques et entreprit de combattre l’inflation, notamment par le contrôle des salaires et le renforcement de la fiscalité.

En 1965, une loi réduisit les libertés civiles, augmenta le pouvoir du gouvernement et confia au Congrès le soin de désigner le président et le vice-président.

L’année suivante, le maréchal Artur da Costa E Silva fut désigné président. À la tête d’un gouvernement promilitaire, Costa se préoccupa surtout de la croissance économique du pays.

En décembre 1968, tirant les conséquences de l’agitation sociale et politique, Costa se donna des pouvoirs illimités et put ainsi effectuer des purges politiques, des coupes sombres dans l’économie et imposer la censure.

Remplacé en août 1969 par une autre militaire, le général Emilio Garrastazú Médici, celui-ci intensifia la répression contre l’opposition, ce qui ne manqua pas de la réactiver.

Devant l’échec du programme pour améliorer la situation des plus démunis, l’Église catholique multiplia les critiques à l’égard du gouvernement.
La contestation se fit de plus en plus vive dans le pays. Sous ce régime, quelque 247 300 Japonais immigrèrent au Brésil; aujourd'hui, les Brésiliens descendants des Japonais constituent le plus grand groupe d'émigrés japonais.

Un autre général, Ernest Geisel, prit le pouvoir et commença par établir une politique plutôt libérale en desserrant la censure sur la presse et en permettant aux partis d’opposition de reprendre une activité politique légale. Mais ces mesures furent en partie annulées en 1976 et en 1977. En 1979, un autre militaire, João Baptista de Oliveira Figueiredo, succéda à Geisel.

Le 5 décembre 1967, le Service de protection des Indiens fut remplacé par la Fundaçao Nacional do Indio (Fondation nationale de l'Indien) ou FUNAI. La «protection» des Indiens fut modifiée en tenant compte davantage des différences des autochtones et en réduisant le plus possible les efforts d’intégration de force vers les «civilizados». La FUNAI fit en sorte d’éviter d'exposer les autochtones au monde «moderne», afin de les protéger plus efficacement. Néanmoins, la politique officielle continue d’osciller entre la préservation de la culture des autochtones et leur intégration dans le grand ensemble national.

Le retour au pouvoir civil.

Ce ne fut qu’en 1985 que fut élu le premier président civil brésilien depuis plus de deux décennies. Pour asseoir la démocratie, une nouvelle constitution entra en vigueur en octobre 1988.

C’est dans le cadre de cette nouvelle constitution prévoyant l’élection du président au suffrage direct que fut élu, en décembre 1989, Fernando Collor de Mello. Mais les mesures draconiennes de lutte qu’il prit contre l’inflation provoquèrent l’une des plus graves récessions que le Brésil ait jamais connues; puis des accusations de corruption commencèrent à être lancées à l’encontre du président Collor.

La nouvelle Constitution de la République fédérative du Brésil reconnut formellement les droits collectifs des peuples indigènes sur les terres qu’ils occupent historiquement. Elle leur garantit même «l’usufruit exclusif des richesses sur le sol, les rivières et les lacs existant en leur sein».
En juin 1992, le Brésil accueillit plus d’une centaine de chefs d’État dans le cadre de la conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, plus connue sous le nom de «Sommet de la Terre».

Ce succès diplomatique n’empêcha pas la Chambre des députés d’entamer une procédure de destitution à l’encontre du président Collor qui finit par démissionner. C’est dans ce contexte que fut introduite, en juillet 1994, une nouvelle monnaie, le réal, en remplacement du cruzado mis à mal par l’inflation.

Un nouveau gouvernement entra en fonction le 1er janvier 1995; il réforma les systèmes de sécurité sociale et fiscal du pays et poursuivit la politique de lutte contre l’inflation, mais le Brésil demeura le champion des inégalités sociales, l’écart entre séparant riches et pauvres demeura colossal. Au cours de la décennies quatre-vingt-dix, la part des revenus détenue par le cinquième de la population la plus pauvre était trente fois moindre que celle dont jouissait le cinquième la plus riche.

Si l’analphabétisme a reculé depuis 1900 - 65 % des 15 ans et plus ne savaient ni lire ni écrire -, il n’a pas disparu pour autant: il était de 17 % en 1996, ce qui fait pour un pays de 175 millions d’habitants, beaucoup de monde.

L’éducation demeure encore un privilège qui reproduit les écarts entrer les couches de la population.

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