Le livre d'André Thevet
Après son débarquement avec l'expédition de Villegagnon, André Thevet va faire de nombreux séjours chez les Indiens Tupis. Il écoutera les récits que lui feront les « truchements », indiens qui parlaient le français, ou marins naufragés recueillis par les indiens et qui vivaient avec eux et servaient d’interprètes. Il ramènera des dessins des indigènes, mais aussi de la faune et de la flore, dessins dont le burin de Bernard de Poisleduc tirera des bois gravés. Il notera leurs coutumes et remèdes, tels que la préparation du cahouin, des cigares de pétuns ou les préparatifs de chasse.
Le livre de Jean de Léry
Le livre de Jean de Léry (1534-1613): Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil (1578), pasteur genevois, fut qualifié par Lévi-Strauss de chef-d'œuvre de la littérature ethnographique. Ce Français d’origine partagea au Brésil la vie des Tupinambas, Indiens nus et anthropophages, dont il décrivit la vie avec une exactitude et un esprit d’observation qui forcent en effet, aujourd'hui encore, l'admiration des ethnographes. Observateur, Léry est aussi juge et ne manque pas de faire quelques digressions contre « les rapineurs, portant le titre de Chrétiens, qui ne font ici que sucer le sang et la moelle des autres ». Au reste, parce que nos Tupinambas sont fort ébahis de voir les Français et autres des pays lointains prendre tant de peine d’aller quérir leur Arabotan, c'est-à-dire bois de Brésil, il y eut une fois un vieillard d'entre eux, qui sur cela me fit telle demande : « Que veut dire que vous autres Mairs et Peros (c'est-à-dire Français et Portugais), veniez de si loin quérir du bois pour vous chauffer ? n’y en a-t-il point en votre pays ? » À quoi lui ayant répondu que oui, et en grande quantité, mais non pas de telles sortes que les leurs, ni même du bois de Brésil, lequel nous ne brûlions pas comme il pensait, mais (comme eux-mêmes en usaient pour rougir leurs cordons de coton, plumages et autres choses) que les nôtres l’emmenaient pour faire de la teinture, il me répliqua soudain : « Voire, mais vous en faut-il tant ? » « Oui lui dis-je, car (en lui faisant trouver bon) y ayant tel marchand en notre pays qui a plus de frises et de draps rouges, voire même (m'accommodant toujours à lui parler des choses qui lui étaient connues) de couteaux, ciseaux, miroirs et autres marchandises que vous n'en avez jamais vus par-deçà, un tel seul achètera tout le bois de Brésil dont plusieurs navires s’en retournent chargés de ton pays. » « Ha, ha, dit mon sauvage, tu me contes merveilles. » Puis ayant bien retenu ce que je lui venais de dire, m'interrogeant plus outre dit : « Mais cet homme tant riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? » « Si fait, si fait, lui dis-je, aussi bien que les autres. » Sur quoi, comme ils sont aussi grands discoureurs, et poursuivent fort bien un propos jusqu’au bout, il me demanda derechef : « Et quand donc il est mort, à qui est tout le bien qu’il laisse ? » « À ses enfants, s'il en a, et à défaut à ses frères, sœurs, ou plus prochains parents.» « Vraiment, dit lors mon vieillard (lequel comme vous jugerez n'était nullement lourdaud), à cette heure connais-je que vous autres Mairs, (c’est-à-dire Français), êtes de grands fols : car vous faut-il tant travailler à passer la mer (comme vous nous dites étant arrivés par-deçà), sur laquelle vous endurez tant de maux, pour amasser des richesses ou à vos enfants ou à ceux qui survivent après vous ? la terre qui vous a nourris n'est-elle pas aussi suffisante pour les nourrir ? Nous avons (ajouta-t-il) des parents et des enfants, lesquels, comme tu vois, nous aimons et chérissons : mais parce que nous nous assurons qu’après notre mort la terre qui nous a nourris les nourrira, sans nous en soucier plus avant, nous nous reposons sur cela ».
Bibliographie
André Thevet, Les singularités de la France Antarctique
Jean de Léry, Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil
Yves d'Évreux, Svitte de l'histoire des choses plvs memorables aduenuës en Maragan, és annees 1613
Hans Staden, Nus, feroces et Antropophages
Claude d'Abbeville, Histoire de la mission des pères Capucins en l’isle de Maragnan (1614)
Pellejero et Zenntner: Le Captif (BD sur Hans Staden)
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